Balade conférence sur l'hydrobiologie à BARJOLS (84)
Tout d’abord un peu d’histoire :
De par son emplacement, très tôt Barjols a été alimenté en eau potable. Durant des siècles, les fontaines et les ruisseaux étaient les seuls endroits où les habitants pouvaient s’approvisionner en eau et faire boire les bêtes de somme. Il y avait en 1906 environ 32 fontaines publiques. On dénombre encore de nos jours 28 fontaines et 14 lavoirs où l’eau coule continuellement. Toutes ces fontaines ont une histoire… En 1835, le Biez dit le ruisseau des écrevisses qui traverse la ville, met en mouvement un grand nombre d’engins et notamment un moulin à papier attenant à l’ancien château et qui date de 1620. Le pays a 19 moulins à tan, 24 tanneries, 3 belles papeteries, une blanchisserie, un moulin à foulon et une fabrique de cartes qui dans plus de la moitié de la Provence, jouit d’une réputation bien méritée. Barjols c’est aussi l’industrie du cuir, rendue possible par l’abondance de l’eau. Les tanneries ont employé jusqu'à 400 personnes constituant alors une quasi-mono-activité. Mais cette industrie qui compte 4 siècles d'histoire et de tradition et dont le passé fut florissant s'est achevée définitivement en septembre 1983. A la fin du XIXe siècle P. Vaillant écrit que la prospérité industrielle de Barjols a sensiblement diminué. Il n’y a plus de papeteries, ses vastes dépendances et ses chutes d’eau importantes sont maintenant affectées à une scierie de bois et à divers engins de tanneries. La fabrique de cartes à jouer vient de fermer. On ne compte plus que 7 tanneries. Le pays a en outre 3 minoteries, 7 marteaux à battre le cuir, de nombreux tonneaux-foulons et une machine puissante ou dynamo, mue par l’eau et la vapeur qui fournit la lumière électrique non seulement à la ville, mais encore à de nombreux particuliers, propriétaires, cafetiers et magasiniers de tous genres.
Nous avons démarré la visite de Barjols aux alentours de 9h30 par :
Fontaine du bœuf : Elle est située tout en haut de la place de la Rouguière, à l'ombre des grands platanes. Avec sa forme harmonieuse, c'est une des plus jolies de Barjols, l'eau coule d'une petite vasque au-dessus des piliers centraux, dans un bassin octogonal. On peut imaginer sans peine la foule des gens, les chevaux et les mulets qui profitaient de son eau fraîche lors de la bénédiction des animaux pour la Saint Eloi. La chapelle dédiée à ce Saint était située face à la fontaine, et toutes les années, cette fête donnait lieu à un grand rassemblement. Mais depuis 1910, la Saint Eloi n'est plus fêtée à Barjols et la chapelle est tombée. Une autre tradition, elle bien vivante, est attachée à cette fontaine : chaque 17 janvier, Barjols fête son saint patron Saint-Marcel, et cela encore avec plus de faste pour la grande fête une année sur trois, quand on y mène boire le bœuf.
Fontaine du Pont d'Or : La fontaine du Pont d’Or a été installée pour la première fois en 1784, comme l’indique l’inscription gravée dans la roche. Elle a été déplacée de nombreuses fois lors des modifications de la route. Une conque servant d’abreuvoir a été rajoutée par la municipalité en 1841, la fontaine est située sur un passage de transhumance.
Fontaine Raynoard : La fontaine Raynoard porte le nom de son donateur Amable Raynoard, ancien directeur et professeur d’école natif de Barjols. A sa mort, il légua à la ville la somme de dix mille francs pour construire une fontaine monumentale sur la place, qui portera son nom. C’est un sculpteur barjolais, Jules Récubert qui fut chargé de la réaliser, l’œuvre se composait d’un faune en pierre de Rognes, se prélassant sous une conque où l’eau ruisselait abondamment. A Barjols l’eau est riche en calcaire, celui-ci va se déposer au fil des années sur la statue jusqu’à la recouvrir entièrement. Aujourd’hui l’œuvre n’est plus visible, mais le calcaire continue de se déposer et régulièrement il est indispensable de tailler la fontaine qui menacerait de céder sous le poids. Amable Raynoard avait aussi cédé de l’argent afin de doter la jeune fille la plus méritante de l’année, à condition qu’elle se marie le jour anniversaire du donateur, le 6 septembre. La dote s’élevait à 300 francs, les mariés faisant alors trois fois le tour de la fontaine puis allaient boire aux carmes. Cette donation dura de 1905 à 1920.
Fontaine de l'école : Cette fontaine a été construite avec de la pierre de Cassis très lisse, elle contribue aujourd’hui à désaltérer les nombreux joueurs de boules et les enfants qui jouent sur la place.
Fontaine de l'abattoir : C'est une toute petite fontaine, blottie contre la falaise de travertin, juste à côté de l'abattoir, d'où son nom. Elle a été restaurée en 1978 alors qu'elle était cachée sous la végétation. Avant elle était alimentée par le canal, mais maintenant c'est de l'eau potable qui coule. Il est très intéressant d'observer la falaise où s'appuie la fontaine, elle est en travertin, pierre qui caractérise Barjols. Le travertin se forme grâce au calcaire dissout dans l'eau qui se fixe sur des mousses, des brindilles ou autres matières végétales ou animales présentes.
Vallon des carmes : Le "Vallon des Carmes" apparaît dans une atmosphère rafraîchissante. La balade se poursuit par un chemin dont chaque chute d'eau porte un nom précis. Le "Gué du Fauvery" se franchit de pierre en pierre laissant deviner un jaillissement de plus en plus fort. Et dans un éclaboussement d'eau et de lumière se dévoile la "Cascade des Carmes". Le Fauvery arrive sur les hauteurs de Barjols au niveau d'une falaise de tuf. Le dénivelé important crée une succession de trois cascades : les Carmes, le Gouffre aux épines et la cascade du Fauvery qui arrive au village au niveau de la zone artisanale des tanneries.
Chutes du réal : Pourquoi le plus ancien quartier de Barjols s'appelle-t-il le Réal ? Est-ce le Réal, le ruisseau qui a toujours alimenté en eau cette partie du village ? Où est-ce le "chemin royal" qui montait au château ? En 1988 renait ce quartier, le plus ancien de Barjols qui fut habité dès le XIIe siècle et qu'on peut aujourd'hui visiter. Comme toutes les bourgades provençales de cette époque, les habitants recherchaient avant tout la sécurité et se regroupaient autour du château et de l'église. Les vieilles maisons étaient construites accrochées aux pentes du château seigneurial où les villageois pouvaient se réfugier en cas d'attaque. La rénovation de ce quartier a été entreprise après la fermeture des tanneries, d’anciens tanneurs ont participé aux travaux. Au fur et à mesure de l'avancement des travaux, les traces du passé ressurgissaient. On découvrait des vestiges d’anciennes industries de Barjols : vieilles tanneries artisanales, moulin à papier et à huile, qui remémorent le long passé industriel de la cité des tanneurs.
La tannerie est une des plus anciennes activités industrielles connues à Barjols. En 1608, Henri IV autorisa Jean-Baptiste Vaillant à installer "une usine de tannerie" avec d'appréciables avantages fiscaux. Cette activité a besoin de beaucoup d'eau. Barjols, traversé par différentes rivières (le Fauvery, l'Eau Salée, le Ruisseau des Ecrevisses), peut fournir de l’eau en abondance. Les tanneries ont employé jusqu'à 400 personnes constituant alors une quasi-mono-activité. Mais cette industrie qui compte 4 siècles d'histoire et de tradition et dont le passé fut florissant s'est achevée définitivement en septembre 1983.
Fontaine du chemin sous le jardin des religieuses : Le nom de cette fontaine s'explique par la proximité du couvent des Ursulines.
Moulin à Tan : Le terme « tan » vient du radical gaulois « tann » qui signifie « chêne ». Le tan est constitué d’écorce de chêne moulue, utilisée dans l’application des méthodes anciennes de tannage végétal. Le tannage végétal est plus particulièrement appliqué aux cuirs des gros bovins, notamment aux cuirs pour semelles de chaussures
Cascade du Fauvery : La cascade du Fauvery est la dernière chute d'eau. En regardant tout autour du Fauvery, on voit encore les anciennes tanneries qui se dressent dans le paysage. Les bâtiments font parties aujourd'hui du patrimoine, de l'histoire de Barjols. Ces bâtiments pour la plupart attendent une seconde vie, d'autres l'ont déjà commencé en se transformant en ateliers d'artistes et en espace culturel.
Fontaine des limaces : C'est l'une des plus récentes de Barjols. Elle est faite en travertin et décorée de carreaux de Salernes, elle est ornée d'une tête de diable qui crache son eau dans une vasque puis un bassin. Avant il y avait une petite fontaine accompagnée d'un lavoir à cet endroit. Sur le dessus, elle était recouverte d'une plaque de fonte, que les enfants soulevaient. Ils y trouvaient toujours de nombreux escargots et limaces. On dit même qu’une fois la fontaine a débordé à cause d’une grosse limace qui s’était installée au niveau du tuyau d’évacuation d’eau…
Ancien moulin à huile : Une grande roue hydraulique installée sous une chute d'eau actionne par un axe un rouet vertical denté. Celui-ci en tournant actionne une couronne horizontale dentée montée sur un axe principal où est fixée la meule dans la cuve.
Fontaine du champignon : Il suffit de regarder la fontaine pour comprendre son nom. L'eau de Barjols est riche en calcaire. Quand l'eau jaillit de la fontaine, le calcaire se dépose sur la mousse formant une masse impressionnante de travertin, qui grandit sans cesse. Il faut la tailler en moyenne tous les quatre ans, en respectant sa forme de champignon, car le chapeau devient si large que l'eau s'écoule à l'extérieur du bassin et son poids est trop important pour le socle.
Fontaine du monument aux morts : La particularité de cette fontaine est d’être le monument aux morts de Barjols. Au milieu d'un vaste bas-relief représentant les poilus de la guerre de 1914, l'eau tombe en cascade d'une vasque jusque dans un bassin rectangulaire. Cet ensemble a été réalisé par Jules Récubert en 1922. Le sculpteur y a gravé les soldats au casque pointu, portant fusil, musette et bidon, joyeux de partir. D'’un côté, il fait ressembler les soldats à ses camarades barjolais disparus et de l’autre on observe des soldats tristes et marqués par la guerre.
Cette belle visite de Barjols nous ayant mis en appétit, tout le groupe a apprécié la cuisine familiale du restaurant du Pont d’Or.
Après le déjeuner, Georges OLIVARI nous a conduits aux bords de l’Argens dans les magnifiques Gorges de Vallon Sourn pour nous faire découvrir le monde extraordinaire des habitants de l’Argens, des espèces remarquables à cette altitude, lié à la présence d’apport d’eau froide. Il a réussi à nous passionner en nous narrant la vie des insectes qui peuplent l’Argens. Après ce magnifique exposé, il était temps pour nous de partir.
Ce fut une journée conviviale et passionnante, tant sur l’histoire de Barjols que sur la vie des insectes aquatiques.
Un grand merci à notre conférencier, Georges OLIVARI, pour cette visite riche et documentée.
Bravo à Liliane pour l'organisation de la journée.